
Dans notre précédent article, nous avons évoqué l’importance d’une mobilisation collective pour faire de l’intelligence artificielle un véritable levier de digitalisation au Maroc et en Afrique. Aujourd’hui, il est temps d’aller plus loin dans cette réflexion.
Car si l’engagement de tous les acteurs est indispensable, il doit aussi s’accompagner d’une vigilance accrue sur les conditions mêmes de déploiement de l’IA. Qui contrôle les données et les modèles ? Quelles infrastructures assurent leur souveraineté ? Et à quel coût environnemental cette technologie se développe-t-elle ?
Dans ce nouvel article, nous mettons en lumière des enjeux structurants mais souvent sous-estimés : la maîtrise des données, l’indépendance des infrastructures et les conséquences environnementales du développement de l’IA, en particulier dans le contexte marocain marqué par des défis hydriques et énergétiques persistants.
Contexte actuel : données et enjeux marocains
Le Maroc depuis quelques années affiche une volonté affirmée de se positionner comme un acteur majeur de l’intelligence artificielle en Afrique. Plusieurs initiatives publiques et privées témoignent de cette ambition : création de stratégies nationales Digital Morocco2030, accélération des projets de digitalisation, montée en puissance des startups spécialisées en IA et le développement de hubs technologiques à Casablanca, Rabat ou encore Benguerir.
D’un point de vue économique, le pays bénéficie d’un tissu de talents en croissance avec des écoles d’ingénieurs, des universités et des centres de recherche qui intègrent de plus en plus l’IA dans leurs programmes. À cela s’ajoutent des investissements dans les infrastructures (data centers, réseaux fibre optique, cloud souverain), encore modestes mais en évolution.
Pourtant, ces avancées s’inscrivent dans un écosystème encore en construction. L’accès à des données fiables et structurées demeure limité, les infrastructures stratégiques reposent en grande partie sur des technologies étrangères et les disparités territoriales freinent l’adoption équitable de l’IA à l’échelle nationale.
Même avec une dynamique forte, sans maîtrise locale des données et des ressources, l’IA restera un potentiel sous-exploité.
Cela montre que même si le pays avance bien, il reste encore des défis importants à relever pour construire une intelligence artificielle souveraine, responsable et durable.
Des défis de fond à adresser collectivement
Pour que le Maroc transforme véritablement l’intelligence artificielle en levier stratégique de développement, plusieurs défis structurels doivent être pris en compte et traités de manière collective.
D’abord, la question de la souveraineté numérique reste sensible. Si plusieurs plateformes sont aujourd’hui hébergées localement notamment dans des data centers marocains, les capacités disponibles demeurent limitées face aux besoins croissants liés à l’IA. Le recours à des technologies étrangères pour les services cloud, les infrastructures logicielles ou les composants critiques demeure significatif. Cette dépendance renforce les risques liés à la sécurité des données et à la perte de maîtrise stratégique.
La souveraineté numérique ne se décrète pas, elle se construit avec des choix technologiques cohérents, une stratégie claire et une volonté d’indépendance à long terme.
Notre vision : Karaz et l’infrastructure qui arrive
Les enjeux sont clairs, les défis identifiés et les avancées déjà visibles. Mais pour que l’intelligence artificielle devienne un véritable levier de transformation c’est ensemble que nous devons construire l’écosystème de demain.
Cela passe par plusieurs leviers concrets :
- Renforcer les capacités locales, en soutenant la formation, la recherche appliquée et l’innovation dans les technologies stratégiques.
- Développer des infrastructures souveraines, adaptées aux réalités marocaines, capables d’héberger et de protéger les données sensibles.
- Promouvoir une IA responsable, qui prend en compte les contraintes environnementales, l’inclusion sociale et l’éthique dans son déploiement.

- la collaboration entre acteurs publics, privés, académiques et citoyens, pour co-construire des solutions durables et pertinentes
Une IA à l’image du Maroc ne peut émerger que si elle repose sur ses propres forces : ses talents, ses infrastructures et sa capacité à créer de la valeur localement.
Au sein de Ribatis, nous partageons cette conviction. À travers notre plateforme Karaz, nous contribuons à cette dynamique en offrant un environnement local, sécurisé et accessible, qui permet aux organisations de créer et déployer des solutions numériques intelligentes, ancrées dans leur réalité.
En mettant à disposition une plateforme locale et accessible comme Karaz, nous participons activement à cette dynamique nationale. Car au-delà de la technologie, c’est bien une vision commune qu’il faut construire : celle d’une intelligence artificielle pensée pour le Maroc, portée par ses talents, et alignée avec ses priorités. Un projet ambitieux, mais essentiel, que nous sommes fiers de contribuer à faire avancer.
Rejoignez-nous dans cette démarche collective et construisons ensemble un avenir numérique souverain, éthique et durable pour le Maroc.